Mon tour de France – Jour 72
04 août 2021
Aujourd’hui, c’était compliqué mentalement.
J’ai eu une nuit de sommeil perturbée par les bruits de pluie et des mobil home voisins, l’humidité m’a aussi beaucoup affectée (plusieurs nuits pluvieuses d’affilés, une tente replié mouillée, des vêtements qui ne sèchent pas…), la fatigue musculaire aussi liée au rhume et les soucis du vélo jouent sur mon mental.
Je me lève, je plie bagage sous la pluie, trempée, j’enfile mes dernières fringues sèches et propres et je démarre avec l’objectif de rejoindre Nantes ce soir, coûte que coûte. C’est à presque 130 km mais qu’importe. J’aurais pu les faire plus facilement s’il n’y avait pas eu la pluie, la fatigue, les soucis techniques, et l’esprit un peu maussade.
Je mets ma musique, je roule plutôt bien, j’enchaine, je suis très focus sur mon objectif quitte à prendre beaucoup moins de plaisir. Contrairement à hier, ici la route ne me dit rien du tout et semble même monotone… Je fais régulièrement des petites pauses pour me vider la tête, même si ça casse un peu le rythme, j’en ai besoin, je repars à chaque fois un peu plus prête et déterminée à affronter les km.
A un moment, proche d’une écluse je trouve une petite guinguette super sympa. J’avais décidé de ne pas m’arrêter manger pour aller plus vite, mais là ça me tend les bras… j’ai besoin de cette pause et de toute façon j’ai tout mon temps pour arriver à Nantes, c’est chez ma sœur que je vais être logée. Et puis ça me tire un peu dans les genoux, hop, pause.
Je reprends la route avec un mental un peu reboosté, j’adore trouver des petits lieux comme ça sur ma route. Je continue le long du canal, me pose un moment pour un thé et la mousse choco lyophilisée, puis j’entre dans les petits chemins de villages, 30km avant Nantes. Ces petits chemins étroits deviennent ensuite des gros axes en périphérie de la route… Le moral chute, la route n’est pas agréable, il y a des montées, on est à côté des axes routiers bruyants, il y a du monde (en trott électrique en plus) sur la piste… Je m’agace mais je m’accroche : j’y suis presque. J’entre dans Nantes, je m’arrête à une boulangerie, j’ai besoin de manger un truc sucré pour me rebooster un peu. Puis je fais mes 5 derniers km. Enfin, j’arrive chez ma sœur, où je retrouve aussi ma nièce et mon beau-frère. Et là je sens toute la frustration me quitter, comme une vague qui retourne au large. J’ai du mal à parler ce soir là tellement mes sentiments sont confus. Allez, repos pendant plusieurs jours, en famille.